Réuni le 14 février sous la présidence de la journaliste et productrice Laure Adler, le jury du 7e prix Emile Guimet de littérature asiatique a décerné son prix du roman graphique, attribué pour la première fois cette année, aux Taïwanais Yu Pei-yun [游珮芸] et Zhou Jian-xin [周見信] pour Le fils de Taiwan, tome 3, paru aux éditions Kana et traduit par An Ning [安寧]. La cérémonie de remise des prix a eu lieu le 29 février au musée.
Publié en quatre tomes, cet ouvrage co-créé par la scénariste Yu Pei-yun et le dessinateur Zhou Jian-xin raconte la vie de l’éditeur Tsai Kun-lin [蔡焜霖] (1930-2023), victime de persécutions politiques, et couvre la période allant de la colonisation japonaise jusqu’à la démocratisation de Taiwan, décrit le ministère de la Culture dans un communiqué. Il a déjà été traduit en japonais, français, arabe, allemand, coréen, anglais et italien.
Yu Pei-yun s’est rendue à Paris pour recevoir ce prix prestigieux. La directrice du Centre culturel de Taiwan à Paris, Hu Ching-fang [胡晴舫], était également présente pour la féliciter au nom du représentant de Taiwan en France, François Wu [吳志中], et du ministre de la Culture, Shih Che [史哲].
Yu Pei-Yun a déclaré lors de la remise de ce prix que cette œuvre n’avait pas été créée en raison du passé de victime politique de Tsai Kun-lin, mais qu’après avoir vécu divers obstacles et épreuves de la vie, sa manière distinguée de réagir vis-à-vis du monde qui l’entoure était inspirante pour la jeune génération. C’est pour cette raison qu’elle voulait faire connaître aux jeunes son histoire, a-t-elle indiqué.
La scénariste a souligné que la nouvelle génération de Taïwanais, née dans une époque libre, ne comprenait pas forcément l’histoire de la loi martiale. A travers le parcours de ce personnage, elle a espéré que l’ouvrage permettra au monde de comprendre l’histoire de Taiwan
Placé sous la présidence de Laure Adler, le jury de cette 7e édition du prix Emile Guimet de littérature asiatique était composé de Yannick Lintz, présidente du musée Guimet, Pierre Haski, journaliste et président de Reporters sans frontières, Nicolas Idier, écrivain et sinologue, Didier Pasamonik, éditeur et journaliste, Constance Rivière, écrivaine et directrice générale de l’établissement public du Palais de la Porte Dorée, et de Ryoko Sekiguchi, autrice et traductrice japonaise.
Le prix du roman graphique, indique le musée Guimet dans un communiqué, reflète la place croissante des cultures populaires asiatiques au musée. Par le choix du Fils de Taiwan, précise-t-il, le jury a souhaité récompenser une fresque mémorielle qui décrit avec une grande justesse l’entrelacement à Taiwan de l’histoire personnelle et de la grande Histoire.